Au petit matin de cette nouvelle journée enneigée, Erik avait laissé partir sa petite soeur, cette petite fée qui avait bien grandit, se dotant de redoutables atours et d'un esprit tout aussi bien affuté.
S'il ne se faisait pas de soucis quant à ses capacités, ses talents, c'était la première fois que « pour de vrai », la jeune femme partait loin de lui, en territoire hostile, et Erik, lui, ne serait pas là tapie dans l'ombre pour veiller sur celle à qui il avait promit de donner sa vie.
Je n'avais pas réalisé à quel point tu avais grandit... Pensa t'il nostalgique revoyant les derniers souvenirs de sa famille défiler avant leur grand départ tandis que la douce Lénore montait dans le carrosse qui la mènerait vers sa destinée.
Avant qu'elle ne quitte les lieux, il avait déposé un baiser sur son front tenant entre ses mains la frimousse de sa protégée, puis à regret mais avec une lueur de fierté dans le regard il l'avait laissé partir murmurant à même son esprit.
« Maman et papa seraient fiers de toi. » Et voilà qu'elle n'était plus là. Lui qui avait l'habitude du vide et de la solitude, lui qui s'y plaisait tant et tellement, se retrouvait seul et tourmenté.
Il s'était un instant installé sur la rebord de la fenêtre, un vieux livre à la main. Ses yeux avaient eut beau parcourir les feuillets brunies par le temps, déchiffrer les mots qui formaient des phrases, rien ni fit, son esprit était partit avec elle.
Pendant longtemps, il avait pensé l'accompagner mais la chose était apparue comme trop risquée, trop dangereuse. Qui savait qu'elles ombres trop bien informées rôdaient dans Polaris ?
Ils s'étaient donc tout deux résignés, Lénore partirait ce matin là, Erik lui attendrait de voir ce qu'il adviendrait. Dans le ciel, la nuit qui venait de s'écouler avait révélé un bien bon présage qui les avait poussé à revenir sur les terres de leur enfance, mais chaque présage trouvait son oracle et chaque oracle donnait son interprétation... Ce qui allait se produire par la suite n'était jamais garantie, dans la pratique, qui savait vraiment ce que Lénore trouverait à Polaris, ou pire ce qu'elle ne trouverait pas.
Dans un soupir, le jeune asgardien reposa l'ouvrage sur son étagère, il sortit la flûte rangée dans sa poche, mais ne trouva pas le courage de la faire résonner dans cette grande demeure vide. Non, le mieux serait encore qu'il sorte.
Prenant la cape doublée de fourrure, il la déposa sur ses épaules, la capuche rabattu sur son visage soucieux, il quitta les lieux, espérant que la grand air ferait passer ses craintes. Il décida d'en profiter pour se rendre dans le village le plus proche afin d'acquérir quelques denrées et puis l'idée de retrouver quelques vieilles connaissances avait amené sur ses lèvres un rictus ironique, ceux qui autrefois s'en prenait à plus petits qu'eux auraient ils encore la bêtise de lui chercher des noises ? Encore fallait il qu'ils le reconnaissent...
C'est ainsi qu'Erik avait prit la route, ses pensées ne pouvant s'empêcher de suivre sa soeur et d'espérer que pour elle tout se passe pour le mieux, rapidement, il gagna l'orée des bois, ceux dont étant enfant ils avaient apprit à se méfier, à éviter... Aujourd'hui, c'est avec un certain plaisir qu'il s'y engagea, ainsi, il gagnerait plus vite sa destination et ne risquait pas de croiser des importuns... D'un pas rapide et agile son ombre se perdit parmi les ombres.
« Ne t'en fais pas ma douce, bientôt je serais à tes côtés... » S'était il promit avant de disparaître, seules ses traces de pas dans la neige fraiche témoignant de sa brève présence.
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