Le sifflement de l'air sur l'orichalque sombre de ses ailes. Les cris des petites vampires qui la suivaient dans le jour naissant et ces mots qui tournaient dans sa tête. Entêtants...
Cela ne se peut... Cela ne se peut... Pourquoi... Pan pourquoi... ?
En sa poitrine, le coeur de Calia battait à tout rompre tandis qu'elle filait droit vers la Crète. Des cris dans son sillage, les gardes d'Heinstein et celle qui se prétendait être comme une soeur. Elles étaient belles les deux roses. Larme de sang sur sa joue si pâle comme la lune qu'elle n'avait cessé de vénérer tel l'astre de ses nuits. Pour elle, il n'y avait qu'un seul soleil, un seul et unique, le fils d'Apollon...
Pan... Pan apparu au sommet de ces falaises en un lointain jour d'Amazonie.
Larme glissant sur sa joue avant de voler en éclats. Elle se sentait si mal, la belle Ténébreuse si mal.
Des cris dans son dos...
Des appels pour la sauver de sa fin, de sa fin dans les flammes du Tartare...
Si tu savais.
Des nouvelles rivières sur son visage alors qu'en sa mémoire dansaient des images, des visages autrefois si proches avant que son monde ne vole en éclats. Quelques instants, juste quelques instants auparavant. La Mante n'avait sans doute pas pris la mesure de la passion unissant l'enfant des Ténèbres et le fils de la Lumière et de l'effet qu'aurait une telle révélation sur la reine des Jaguars.
Dans son âme revenait sans cesse ce visage, Pan le Flamboyant. Pan qui s'était dressé contre son propre père pour elle, par amour pour elle. Amour partagé, Ô combien partagé. Sans attendre dès que ces " ravisseurs " s'étaient relâchés, elle avait filé droit vers lui. Plus que jamais, elle avait la sensation d'être un jouet entre les mains de ses dieux, de Lady Pandora et des autres spectres.
Asclépios mon ange...
Son fils était un homme, un homme dont elle n'avait pu protéger l'enfance, qu'elle n'avait pu aimer et préserver de la cruauté de ce monde. Les dieux les avaient séparés...
Athéna dans sa faiblesse envers Saga lui avaient pris son premier époux et son fils
Hadès dans un excès de folie l'avait chassée et exilée
et enfin Apollon... Apollon l'avait torturée sous les yeux de Pan...
Les dieux se servaient d'eux, l'âme de la spectre était restée d'une pureté incroyable, appelant l'ombre dormant en celle de Pan. La voix d'Améliah lui parvenait, l'appelant à la raison.
Raison mais où était la raison dans tout ce qu'il venait de se passer ? Pandora séquestrait une des leurs, mentait ouvertement aux spectres qu'elle devait guider et elle, Améliah la Succube était sa complice ou sa victime. Elle ne savait, Calia ne savait que ce que les mémoires de sang lui donnaient mais en cet énorme maelström, elle avait reconnu un visage parmi tous les autres. Le retrouver lui rendrait sa vie, son espoir.
- Pan... J'arrive.
La mer apparaissait au loin si belle sous le soleil. Et ce fut à cet instant qu'ils la rattrapèrent. Pas Améliah, non la rose de souffre n'était pas assez rapide pour cela mais quand, elle vit un soleil noir se dessiner sur les vagues, la Vampire comprit. Elle comprit que le combat était inévitable.
- Kagaho !!!
Le clan, le clan que dame Oda lui avait montré. Kagaho était le samouraï, Améliah, la geisha et elle, Calia, la kunoïchi...
Lui le seigneur du Bénou venait ramener celle qu'il considérait comme un membre du clan centré autour d'un seul être, le jeune Hadès.
Entre le Samourai et la Kunoïchi, le combat serait la seule issue si la sagesse et l'art du verbe ne pouvaient résonner la spectre à la chevelure de Feu...
Une nouvelle aube se levait sur les terres, une aube teintée de rouge...